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28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 15:28

01/2011 - Biocontact : Des fruits secs ou séchés traités par irradiation image-fruits-secs-et-irradiation.jpg

par  Véronique Gallais et Thierry Folliard
Biocontact, n°209, janvier 2011

 

Ce traitement sert à « décontaminer » les produits, en détruisant les micro-organismes (certains virus, bactéries, moisissures) ou insectes ; il retarde ainsi l’altération des aliments traités (mais il peut aussi en masquer l’état réel). Egalement, il en ralentit le mûrissement et inhibe leur germination. Ainsi, c’est une technologie idéale pour la conservation et le transport sur de longues distances des produits alimentaires.

 

Les doses d’irradiation utilisées sont très élevées, privant les aliments d’une grande partie des vitamines et nutriments qu’ils contiennent au moment de la récolte. En effet, un rayonnement ionisant constitue un stress oxydatif susceptible d’altérer les molécules les plus fragiles, celles qui ont justement la propriété d’être antioxydantes, c’est-à-dire de freiner le vieillissement cellulaire ! On perd alors tout le bénéfice apporté par la consommation de fruits frais (1), ce que les autorités de santé qualifient de similaire avec les effets d’autres

 traitements. En outre, l’irradiation induit la formation de produits de radiolyse ou néoformés, dont les 2-ACB (alkylcyclobutanones) dans les aliments gras, lesquels présentent des risques de cytotoxicité, mutagénèse et promotion de tumeurs. Sans parler des éventuels effets combinés avec des substances ou résidus potentiellement toxiques contenus dans les aliments concernés (phytosanitaires, nanomatériaux, OGM) ; en effet, les emballages irradiés pourraient induire un problème de migration de produits toxiques dans les aliments.

 

Si « des inconnues subsistent sur les effets à long terme d’une consommation à grande échelle d’aliments irradiés  » (2) et malgré les conséquences écologiques, socioéconomiques et culturelles des modes de production dans lesquels cette technologie s’inscrit, la norme du Codex alimentarius (FAO/OMS) autorise l’irradiation de tous les types d’aliments jusqu’à la dose de 10 kGy (3), ou au-delà si « nécessité technologique ». Cette norme (résultat des travaux d’une commission mixte FAO/OMS/AIEA) a conduit l’OMS à recommander l’irradiation des aliments comme moyen d’assurer la sécurité sanitaire pour le consommateur, et de nombreux pays à l’autoriser sur leur territoire. Enfin, l’irradiation peut être utilisée par certains acteurs économiques essentiellement comme une technique pour « hygiéniser » les aliments après de mauvaises conditions de collecte, de production et/ou de transformation.

 

 

Les fruits sont concernés

 

Au sein de l’Union européenne, la réglementation actuelle est incohérente, inefficace et par ailleurs risquée vis-à-vis de l’OMC. Officiellement, l’irradiation est autorisée dans tous les Etats membres seulement pour les herbes aromatiques séchées, épices et condiments végétaux, dans quatre pays pour les « fruits secs » (Belgique, France, Pays-Bas, République Tchèque), par ailleurs dans trois pays (Belgique, Royaume-Uni, République Tchèque) pour les « fruits (y compris champignons, exclu tomates, rhubarbe) ». Mais, les échanges internationaux de denrées alimentaires au sein de l’UE se faisant sans contrôle et l’UE ne semblant pas faire la différence entre « secs » et « séchés », il n’est pas de retrouver des fruits secs ou séchés irradiés, quels qu’ils soient, sur les étals français.

 

 

Les produits (emballés individuellement ou en vrac) doivent être marqués « traité par ionisation » ou « traité par rayonnement ionisant » mais les contrôles sont peu nombreux et pas particulièrement ciblés sur ce type de produits. De façon générale, comme pour tous les types d’aliments, le volume de produits irradiés effectivement commercialisés est inconnu.

 

Selon l’enquête réalisée par le Collectif français contre l’irradiation des aliments, les entreprises semblent soit s’en tenir à la réglementation soit ne pas avoir recours à l’irradiation ou privilégier des solutions alternatives, sans recourir à des méthodes de contrôle spécifiques concernant l’éventuelle irradiation des aliments ou ingrédients produits pour elles.

 

La situation pourrait s’aggraver si l’UE devait élargir la liste de produits autorisés, ce qu’elle envisage actuellement.

 

Et la bio ?

 

Concernant la production biologique, le traitement « par rayonnement ionisant » est interdit. Cependant, aucun contrôle spécifique ne semble être effectué par les certificateurs. Si l’on considère la proportion croissante de produits bio importés, on ne peut a priori exclure que certains d’entre eux soient irradiés ou qu’il en soit ainsi plus souvent à l’avenir.

 

Comment éviter les denrées irradiées ?

 

Le consommateur privilégiera les circuits courts, les productions locales de taille humaine, les échanges directs avec les producteurs.

On peut également se mobiliser avec les associations du collectif.

 

 

Véronique Gallais, socioéconomiste, et Thierry Folliard, ingénieur, naturopathe, participent au comité de pilotage du Collectif français contre l’irradiation des aliments, au nom d’Action Consommation.

Sigles
 AIEA : Agence internationale de l’énergie atomique.
 FAO : Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.
 HACCP : « Hazard Analysis Critical Control Point », méthode et principes de gestion de la sécurité sanitaire des aliments.
 OMS : Organisation mondiale de la santé.
 UE : Union européenne.

Pour en savoir plus
 « Aliments irradiés : atome, malbouffe et mondialisation », éd. Golias.
 Articles et dossiers sur www.irradiation-aliments.org.

Contact Collectif français contre l’irradiation des aliments
c/o Action Consommation
21, rue Alexandre-Dumas
75011 Paris
Site :
www.irradiation-aliments.org

1.      Bien séchés, les fruits secs gardent toutes leurs propriétés, et de plus concentrent les vitamines e

2.      Kilogray, unité de mesure des radiations. minéraux. Ainsi, pour 100 g, abricots secs et figues sèches sont les plus fortes sources en potassium !
Revue Prescrire, juillet-août 2006, tome 26, n°274

 

Contacts presse Action Consommation :
Camille Le Bras, chargée de mission : 01 48 05 86 81
presseinfo@actionconsommation.org

 

 

http://www.actionconsommation.org/publication/01-2011-Biocontact-Des-fruits-secs.html

01/2011 - Biocontact : Des fruits secs ou séchés traités par irradiation ?

 

 

 

 

 

 

  

 

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